mardi 23 avril 2013

La banalité du mal d'Hannah Arendt au prisme de l'anthropologie familiale

Cynthia Fleury traduit l'expression "Banalité du mal" pour nous:
"Le geste fort d'Arendt fut de démythifier la question du mal. Nous avons une approche trop sentimentale du mal, que nous plaçons du côté de l'exceptionnel, du pathologique. Au contraire, pour Arendt, le mal devient extrême lorsqu'il passe un pacte avec l'absence de la pensée, avec la machine bureaucratique, avec la servilité. Le mal est une
aliénation volontaire. Arendt raconte notamment comment Eichmann était attaché à la bonne société, à la réussite. Certes, il se réclame de l'impératif kantien qui ordonne de faire son devoir. Mais c'est là un travestissement. Il ne pense jamais l'ordre, il lui obéit. Et cela le sert, en termes de carrière. Il n'est pas meurtri par le sort réservé aux juifs, mais de ce que le dossier puisse lui échapper "administrativement". C'est là sa "mauvaise conscience": craindre de ne pas avoir bien exécuté les ordres. Arendt décrit de façon clinique une vérité qui vaut pour toutes les époques: la participation à la servilité guette tout le monde."

Eichmann serait en quelque sorte un individu intégré dans un tout plus grand que lui et pour lequel il doit prendre la mesure.
Pour nous cet homme est le prototype d'un individu formé par la famille souche type du monde germanique qui dans certaines circonstances très particulières peut très bien agir et se comporter tel que le décrit Hannah Arendt et Cynthia Fleury.

Voila comment comment E.Todd parle de la distinction fondamentale entre une famille nucléaire et une famille souche-communautaire: " L'analyse des structures familiales et leur distribution dans l'espace permet de saisir, à la source, la diversité européenne. Les mondes paysans qui se stabilisent entre la conquête romaine et la fin des grandes invasions ne définissent pas un type unique. Dans certains dominent des systèmes familiaux nucléaires accordant une large autonomie à l'individu; dans l'autre, au contraire, des systèmes familiaux complexes attachant fortement l'individu au groupe."

Eichmann était la caricature d'un individu fortement attaché au groupe, d'abord au groupe familial, puis aux SS et à la nation allemande. Ceci explique bien comment les hommes et le femmes allemands se sont insérés dans le délire d'une autorité toute puissante.
Pour reprendre les mots d'Arendt, le totalitarisme rend la condition humaine superflue, ceci est vrai, mais le même totalitarisme n'est possible que si les hommes et les femmes sur lesquelles il s'applique acceptent l'action d'une autorité supérieure voire même la demande.

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