jeudi 4 juillet 2013

Le communisme des immigrés italiens en Lorraine


Une ancienne étude sociologique très fine, publié en 1962 par Serge Bonnet, Charles Santini et Hubert Barthelemy vient une fois de plus vérifier la pertinence de l'analyse anthropologique familiale leplaysienne et toddienne. 

Les travaux de trois sociologues se sont attachés à montrer la corrélation entre la forte activité communiste locale avec une certaine émigration venue d'Italie. Les auteurs ont eu la bonne idée d'enquêter sur les caractéristiques de ces immigrés italiens qui votent communistes.

Voici leurs résultats:

Si l'on rapproche les cartes du vote communiste en 1954 dans la bassin minier lorrain avec la carte de la concentration des immigrés italiens, le lien est clair























Les trois cantons où le vote communiste est le plus fort sont le Briey, Longwy et Audun. Sur le graphique de droite on remarque combien le fort vote communiste de ces mêmes cantons sont associés à la forte présence de l'immigration italienne.

L'Hypothèse de l'analyse familiale énonce que qu'un type particulier de système familial avec ses relations sociales et ses valeurs offrent aux enfants futurs adultes une vision des relations humaines, donc un regard sur la société dans laquelle il pourrait se reconnaitre. Arrivé à l'âge adulte, les offres politiques lors des élections démocratiques feront écho ou non à sa formation sociale familiale reçue et intégrée. Dans notre cas, il faudrait donc que les régions natales italiens de nos immigrés soient plutôt des régions de famille communautaire laquelle entretient un lien fort avec le vote communiste (hypothèse de base des recherches d'Emmanuel Todd), et en second lieu des régions de forte implantation communiste.

Que dit cette étude à propos des origines italiennes des immigrés lorrains ? de quelles régions d'Italie viennent ces travailleurs ?
Un sondage sur les militants et adhérents du parti communiste, à la veille de la guerre de 1939, révèle que la moitié des effectifs du département était concentrés dans l'arrondissement de Briey (voir le graphique en haut à droite). Parmi ces militants de l'arrondissement, 67% étaient d'origine étrangère et les Italiens représentaient 61% de l'effectif total (soit 264). Sur ces 264, 193 sont nés en Italie comme régions d'origine: L'Emilie Romagne (33), la Vénitie (32), la Toscane (22), la Lombardie (20), les Marches (19), l'Ombrie (16), ....
En Septembre 1945, il est rapporté par le préfet de Meurthe et Moselle que 50% des communistes de l'arrondissement étaient des étrangers.

La carte établie par Emmanuel Todd dans son livre, L'Invention de l'Europe du communisme vers 1975 montre une forte activité dans les régions italiennes précitées.
E.Todd, L'invention de l'Europe, 1990

Si l'on additionne les régions réputées communistes telle que cette carte nous l'indique (Emilie Romagne, Toscane, Lombardie, Marches, Ombrie)  nous obtenons, sans que l'intégralité des régions italiennes ne soient passées en revue, un nombre de 110 immigrés venus de terres italiennes "communistes" sur 193 soit 57 %. Ces mêmes régions sont par ailleurs des régions ou la famille communautaire est majoritaire ou puissamment minoritaire. Tel est le cas. La corrélation est suffisamment probante pour utiliser cette étude comme preuve supplémentaire à la fiabilité de l'hypothèse familiale.

1 commentaire:

  1. mon grand-père maternel était de la région des marches,il était communiste à 100 pour cent,je me souviens lorsque j'étais enfant il me disait "les communistes sont aux cotés des travailleurs et des défavorisés".

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